Nature et Poésie

Une sélection de beaux textes à découvrir… Contemporains ou anciens des écrits pleins de vie et de poésie pour tous.

Une seule et unique planète

Si l’on en croit le dicton, il faut toujours « garder une poire pour la soif ».
Pourtant, l’humanité a fait tout le contraire. Elle a dilapidé le capital naturel du monde plus vite qu’il ne peut se reconstituer, s’enfonçant de plus en plus profondément dans ses dettes écologiques.

Nos forêts et nos réserves de poisson ne sont pas illimitées. Les combustibles fossiles, les terres arables et les sources d’eau douce non plus. Si l’on prend par exemple les grandes zones de pêche du monde, on s’aperçoit que 47 % sont épuisées, 15 % sont surexploitées et 10 % sont déjà appauvries. A cause de l’érosion provoquée par la surexploitation et le déboisement, la terre perd chaque année une superficie fertile équivalant pratiquement à la taille de l’Irlande.

Le déséquilibre s’approche à grands pas… Nous devrions être 9 milliards d’humains d’ici à 2050, et les exigences de la minorité riche ne cessent d’augmenter : le 1 % le plus riche de la population mondiale consomme déjà autant de ressources que les 44 % les plus pauvres. Il est plus important que jamais de traiter la terre avec respect.

 

« Autrefois, la Terre était en grande partie couverte de forêts.

On estime, par exemple, que 14 % des 150 millions de kilomètres carrés des écosystèmes terrestres étaient constitués de forêt tropicale.

Aujourd’hui, cette forêt n’en représente plus que 6 % et certains pensent qu’elle disparaîtra en moins d’une quarantaine d’années. La raison ? Le déboisement. Chaque année, plus de 130 000 kilomètres carrés de forêt disparaissent parce que les êtres humains décident de consacrer des surfaces toujours plus importantes à la monoculture de denrées alimentaires, de bois ou d’huile de palme, à la construction de routes ou de barrages et à l’exploitation minière. Tout cela pour répondre aux demandes d’une population toujours plus nombreuse.

Dans la course au « succès » économique, avons-nous oublié, ou sommes-nous encore inconscients, de l’extraordinaire réservoir de substances chimiques que sont les forêts ?

Les tiges, fleurs, lianes, feuilles, pousses, brindilles, écorces, racines, graines, champignons et faune représentent un potentiel pour les médicaments, pesticides, cosmétiques et autres composés d’une extrême importance industrielle. Il est crucial de réaliser que sur les 300 000 à 400 000 espèces de plantes répertoriées, plus des deux tiers poussent dans les forêts, notamment dans les forêts tropicales. Aujourd’hui, nous connaissons la composition chimique d’à peine 5 % de ces espèces. En dehors de la beauté des éco systèmes forestiers, s’il existe une raison primordiale pour tenter de protéger la biodiversité des forêts, c’est bien la crainte de perdre un potentiel encore inconnu à ce jour. Comment chercher des réponses à des questions qui ne se sont pas encore posées ? Si nous laissons des atouts chimiques encore inconnus nous filer entre les doigts sans même savoir qu’ils existent, la perte sera criminelle, bien sûr, mais elle risque aussi de nuire à la santé et au bien-être de nos vies et des générations à venir. »

Extrait de l’article de Luke Roberts, spécialiste en biologie moléculaire et cellulaire à Imperial College, Londres.
 

La diversité biologique représente la gamme complète de la diversité génétique, des espèces et des écosystèmes de toute la biosphère, qui inclut l’atmosphère, l’eau de la planète et la croûte terrestre.

La biodiversité est également la variété et les relations qui existent entre tous les éléments de la vie de la planète – des animaux aux êtres humains en passant par les microbes et les insectes. Les forêts sont la plus importante source de biodiversité terrestre : on estime qu’elles abritent la moitié des espèces mondiales de faune et de flore.

Les humains ont déjà déboisé la moitié environ des forêts naturelles, pour en exploiter le bois mais aussi pour faire place à des cultures ou plantations. L’Institut Mondial pour les ressources estime que 40 % environ des dernières forêts naturelles pourraient disparaître dans les dix ou vingt prochaines années, voire plus tôt. La plus grande menace pour la biodiversité, c’est l’être humain.

Nous détruisons des habitats naturels si vite que nous sommes incapables d’évaluer l’ampleur des dégâts. Prenons l’exemple de l’if occidental des forêts ombrophiles tempérées du nord-ouest de l’Amérique. Depuis fort longtemps, les exploitants forestiers le brûlaient car ils le considéraient comme indésirable. En 1991, on a découvert que cet if recelait le plus important médicament anticancéreux découvert au cours des quinze années précédentes. En détruisant son habitat, on a failli passer à côté d’une formidable possibilité de sauver des vies humaines. Il est certain que d’innombrables remèdes miracles naturels restent à découvrir. Mais comme nous détruisons tant d’écosystèmes si rapidement, nous ne saurons jamais tous les bienfaits qu’ils auraient pu nous apporter.

Comment savoir si nous sommes en progrès par rapport aux cibles fixées ? Comment connaître les impacts de nos décisions ? Comment mesurer la diversité biologique et son évolution ?

La diversité biologique est un domaine très complexe et pour le moment, nous sommes incapables de l’évaluer intégralement. Par contre, nous savons en mesurer certains aspects et utilisons des indicateurs permettant de faire le point de nos connaissances. Certains de ces indicateurs comparent les données disponibles à des tendances générales, à la manière des indicateurs économiques ou boursiers. C’est notamment le cas de l’Indice de la planète vivante du WWF qui étudie les tendances en matière de populations animales et permet d’obtenir une vue d’ensemble de toute la biodiversité. C’est une approche intéressante, mais elle suppose de disposer de données fiables. D’autres indicateurs mettent l’accent sur des aspects particuliers de la biodiversité, comme la population de poissons d’un lac ou d’une mer.

« Tant de mains pour transformer ce monde, et si peu de regards pour le contempler ! » Julien Gracq
« Il ne sert de rien à l’homme de gagner la Lune s’il vient à perdre la Terre. »  François Mauriac