Nature et Poésie

Une sélection de beaux textes à découvrir… Contemporains ou anciens des écrits pleins de vie et de poésie pour tous.

Nourriture et Humanité

 

De combien avons-nous besoin ?

En réalité, nous sommes capables de nourrir toute l’humanité. À l’heure actuelle, le monde produit plus de 4000 calories par personne et par jour, et pourtant seules 2 800 calories en moyenne par jour atteignent le consommateur. C’est aux USA que la moyenne quotidienne par personne est la plus élevée, à 3770 calories, alors qu’en Inde, elle est de 2300 calories. Il n’y a que trois pays au monde dans lesquels les gens ne disposent pas quotidiennement des 1800 calories environ considérées au plan international comme le minimum indispensable pour mener une vie saine et active.

En règle générale, jusqu’à la moitié de ce que nous produisons se perd. En raison de problèmes d’entreposage, de conditionnement ou de traitement, 1,3 milliard de tonnes d’aliments se perdent entre le champ et notre assiette – sans compter ce que les consommateurs jettent, qu’il s’agisse de restes ou de nourriture non consommée. Le gaspillage intervient à des stades variables de la chaîne de production, transformation et distribution. Dans les pays industrialisés, ce sont les consommateurs qui gaspillent beaucoup de nourriture, tandis que dans le monde en développement, c’est surtout entre la ferme et le consommateur que les produits se perdent.

Dans le monde en développement, les pertes alimentaires sont également considérables, mais elles sont surtout le fait de produits qui s’altèrent ou sont la proie des ravageurs. En Afrique, par exemple, 30 % environ du poisson débarqué est abandonné sur place, perdu ou altéré. Dans les champs, les pertes entre les semis et la récolte représenteraient entre 20 % et 40 % de la production potentielle. Il est urgent de trouver des manières innovantes de distribuer, vendre et consommer nos aliments, de même que de les cultiver.

Pas d’abeilles, pas de nourriture !

C’est un peu exagéré, mais il faut bien dire que sans les abeilles, nous devrions nous passer de nombreux aliments courants. En fait, les abeilles à miel fécondent environ 80 % des fruits et légumes que nous consommons. Le Syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles, terme qui décrit leur déclin mondial depuis dix ans, a fait la une des journaux. Personne n’a réussi à trouver la cause de cet inquiétant phénomène, mais selon le PNUE, les chercheurs pensent qu’il résulte d’une multiplicité de facteurs. Voici quels seraient les principaux responsables du problème :

• les changements intervenus au niveau de la pluviosité, du rythme des saisons, et de la présence des parasites et des ravageurs liés à l’évolution du climat. 

 • les herbicides et pesticides réduisant la disponibilité des plantes nécessaires à l’alimentation

• les insecticides et fongicides – y compris ceux utilisés pour traiter les animaux (lorsqu’elles sont associées à d’autres, certaines substances chimiques forment un cocktail qui peut devenir mille fois plus nocif pour les abeilles).

• la pollution de l’air, qui peut nuire à la capacité de l’abeille à trouver les fleurs

• les champs électromagnétiques provenant notamment des lignes électriques.

On peut considérer que l’agriculture est intrinsèquement une activité humaine. Mais la réalité est un peu plus complexe. Si les abeilles sauvages, les papillons, les lépidoptères, les coléoptères, les chauves-souris et autres animaux ne nous aidaient pas en polonisant les cultures, le monde mourrait sans doute de faim. D’après l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), sur la centaine de cultures qui assurent 90 % de l’alimentation de la plupart des pays du monde, plus de 70 % sont fécondés par les abeilles. Mais d’autres animaux sont eux aussi indispensables au processus de reproduction de la plupart des plantes à fleurs et à plus des deux tiers des cultures alimentaires : lépidoptères, mouches, guêpes, coléoptères et papillons, oiseaux et mammifères participent à la pollinisation. Nous avons longtemps considéré que ce service essentiel, précieux et gratuit, allait de soi. Les espèces pollinisatrices font leur travail si discrètement et si efficacement que, dans bien des cas, nous ne connaissons même pas toute l’importance du rôle qu’elles jouent.

Une chose est certaine : même si l’on peut difficilement estimer la valeur financière des services que nous rendent ces espèces, on sait maintenant que nous ne pouvons pas nous passer d’elles.

La révolution d’une seule paille

Un jour, alors qu’il se promenait près d’un champ en friche sur l’île de Shikoku, un cultivateur japonais du nom de Masanobu Fukuoka remarqua que du riz poussait parmi les mauvaises herbes. Il décida de copier la nature et arrêta d’inonder sa rizière. À partir de cette première étape, il mit au point un système de culture qui se heurtait le moins possible à la nature. Ses principales règles étaient les suivantes : 

1) Pas de labourage. Fukuoka considérait qu’en labourant le sol, on encourageait les mauvaises herbes.

2) Ni engrais ni compost préparé. Fukuoka ajoutait des nutriments au sol en utilisant uniquement de la paille et du fumier de volaille, et en semant une couverture végétale de trèfle blanc.

3) Désherbage à faible impact. Les mauvaises herbes étaient peu nombreuses grâce à la couverture de trèfle, au paillis et à la courte période d’inondation, et comme Fukuoka alternait la culture du riz et celle de céréales, la terre était constamment utilisée, ce qui laissait peu de place aux mauvaises herbes.

Grâce à ces méthodes, il parvenait à obtenir des rendements comparables à ceux d’autres fermes japonaises. En 1975, le livre de Fukuoka intitulé La Révolution d’un seul brin de paille fut traduit en 25 langues, faisant de son auteur un des champions de la durabilité agricole. Fukuoka se rendit en Afrique, en Inde, en Asie du sud-est, en Europe et aux USA pour trouver des méthodes pour réhabiliter des paysages dégradés fondées sur une irrigation limitée. Il publia ses découvertes dans l’ouvrage intitulé Sowing Seeds in the Desert (Semer des graines dans le désert). Il continua à cultiver la terre jusqu’à sa mort, en 2008, à l’âge de 95 ans.