Nature et Poésie

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John Muir : Aventurier solitaire, Botaniste passionné…


Aventurier solitaire, botaniste passionné…

Père de l’écologie moderne, John Muir fut l’un des premiers naturalistes modernes, militant de la protection de la nature. Écossais d’origine, il est une des figures mythiques des États-Unis où il est considéré comme le père des Parcs Nationaux et l’un des premiers hommes à avoir perçu les dangers de l’exploitation de la nature – par essence sauvage.
Né en Écosse en 1838, John Muir a émigré onze ans plus tard vers les États-Unis avec ses parents et ses huit frères et sœurs. Dès son enfance, John est confronté aux difficultés de la pauvreté et du travail tout en étant émerveillé par les beautés de la nature. À leur valeur unique de témoignage s’ajoute une vision du monde qui n’enlève rien à la fraîcheur de ses Souvenirs.
Après avoir passé son adolescence dans une ferme du Wisconsin, il entre à l’université en 1860 et reçoit son premier cours de botanique.
« Ce petit cours m’a envouté et m’a fait voler par-delà les forêts et les prairies avec un enthousiasme sauvage. », a-t-il raconté dans son autobiographie. Malgré cet enthousiasme, John Muir n’a pas terminé son cursus universitaire et a préféré continuer sa formation à « L’université de la vie sauvage. »
Ses capacités intellectuelles et techniques d’inventeur lui ouvrent toutes les portes mais son choix est fait:
« J’aurais pu devenir millionnaire et j’ai choisi d’être un vagabond. »
Il travaille et rêve désormais à un jour où la prise de conscience collective obligera les gouvernements à protéger la nature – héritage commun de tous les êtres vivants – en nous mettant en garde dès le XIXe siècle. Cette démarche à contre courant pouvait paraître à l’époque celle d’un illuminé ; elle se révèle de plus en plus prophétique.

Une vie consacrée à la nature…

À partir de 1864, il voyage à travers les États-Unis et le Canada en vivant d’emplois divers.
À 29 ans, il entame une marche de 1600 kilomètres depuis le Kentucky jusqu’en Floride. Deux ans plus tard, il devient berger dans la vallée de Yosemite. Découvrant cette vallée, il est captivé et écrit « Aucun temple construit de la main de l’homme ne peut être comparé à Yosemite, et Yosemite est le plus grand de tous les temples dédiés à la Nature. »
Fasciné par cette richesse naturelle, il a publié de nombreux articles sur la géographie, la géologie et la flore de la région.
Son intérêt pour les sciences, plus spécialement pour la géologie, occupe son temps libre et il acquiert bientôt la conviction que les glaciers ont sculpté la vallée de Yosemite et ses environs. Cette intuition est en complète contradiction avec la théorie alors en vigueur, promulguée par Josiah Whitney (à la tête du California Geological Survey), qui attribue la formation de la Vallée à un tremblement de terre catastrophique. Les idées de Muir se propageant, Whitney tente de discréditer Muir en le traitant d’amateur, et même d’ignorant.
Ecrivain très productif, un grand nombre des livres de Muir sont publiés jusqu’à New York. Le premier géologue, Louis Agassiz, quant à lui, trouve de l’intérêt dans les théories de Muir, et le désigne comme « le premier homme à avoir une conception juste de l’action des glaciers ».
En 1871, Muir découvre un glacier alpin en activité derrière Merced Peak, ce qui aide profondément à la prise en considération de ses théories. Un important tremblement de terre centré à côté de Lone Pine, en Californie, dans la vallée de l’Owens est fortement ressenti dans la vallée de Yosemite en mars 1872. Le séisme réveille Muir à l’aube, il sort de sa cabane en courant, à la fois heureux et effrayé, en s’exclamant « un noble tremblement de terre ! ».
Les colons des autres vallées, qui continuent d’adhérer aux idées de Whitney, sont effrayés à l’idée que le séisme puisse être le prélude d’un catastrophique approfondissement de la vallée. Muir n’a pas la même peur, et se met, à la lueur de la lune, à la recherche de nouveaux talus créés par les éboulements provoqués par le tremblement de terre. Cet événement entraîne de plus en plus de monde à se rattacher aux idées de Muir à propos de la formation de la vallée.

Compagnon des générations futures…

Ses écrits dénonçant les dangers de l’impact humain sur les écosystèmes ont même permis d’accélérer les débats au Congrès. Le 1er octobre 1890, la vallée de Yosemite devient le deuxième parc national protégé des États-Unis.
Ses lettres, essais, et livres racontent ses aventures dans la nature et la vie sauvage, notamment dans les montagnes de la Sierra Nevada en Californie ; très lus à son époque, ils sont encore très populaires aujourd’hui. Ses écrits et sa philosophie ont fortement influencé la naissance du mouvement écologiste moderne. Pour continuer son combat, John Muir a créé en 1892 le Sierra Club, la plus ancienne ONG dédiée à la préservation de l’environnement. Le Sierra Club est à ce jour une des plus importantes organisations de protection de l’environnement des États-Unis.
À 65 ans, il mène une expédition dans le parc national de Yosemite avec Théodore Roosevelt.
John Muir meurt d’une pneumonie le 24 décembre 1914 à l’âge de 76 ans.
Aujourd’hui encore, il est considéré comme l’une des figures les plus importantes dans l’histoire de la protection de l’environnement. Il restera, grâce à son action et à ses écrits, un “compagnon” des générations futures.
À l’heure où les forêts disparaissent, où la vie sauvage menace de n’être bientôt plus qu’un souvenir, il faut lire John Muir, et en tirer des leçons : jamais ce grand écrivain naturaliste n’a été aussi actuel et sans lui, les séquoias géants de Yosemite Park auraient été débités en allumettes par les cyniques héros de la libre entreprise.

« Aussi longtemps que je vivrai, j’entendrai les chutes d’eau, le chant des oiseaux et du vent,
j’apprendrai le langage des roches, le grondement des orages et des avalanches
et je resterai aussi près que possible du cœur du monde.
Et qu’importe la faim, le froid, les travaux difficiles, la pauvreté ! »